Jumillagate: le (discret) mea culpa d'Uncle Bob.


Vous me direz que ce n'est pas non plus votre blog de chevet: le LIVE-EX blog, appendice de l'horrible indice qui transforme le vin en produit financier, qui le rend anguleux comme un graphique, amer comme un crack, pourri comme un junk-bond. L'entretien y est paru le 19 mars, il y a dix jours et je suis complètement passé au travers*, c'est dire si je me passionne pour les hauts et les bas du boursicotage liquide. Mais c'est là, dans ce cadre qui lui va si bien que Robert Parker Jr a décidé de faire quelques confidences sur son business, ses espoirs et ses erreurs. Oui, ses erreurs!
Sans qu'on lui pose la question, il évoque, après avoir rappelé le statut de "sleeping giant" de l'Espagne**, l'affaire Pancho Campo/Jay Miller, ce fameux Jumillagate qui a ébranlé la maison Wine Advocate. Voici la traduction précise du texte original.


"J'ai une part de responsabilité dans ce qu'il s'est passé avec Pancho Campo et Jay Miller en Espagne. Nous n'avons pas encore vu le rapport d'enquête définitif de nos avocats mais, au bout du compte, je pense que je n'ai pas encadré Jay Miller comme j'aurais du le faire. J'aurais du davantage suivre ses dossiers et lui poser plus de questions sur ce qu'il faisait. Rien de ce qui a été fait était illégal, mais certaines choses qui ont été faites étaient juste… Je suppose que la perception est proche de la réalité. J'aurais du examiner minutieusement la façon dont il agissait, bien plus que je ne l'ai fait."
Même si Robert Parker fait un peu dans la demi-teinte, cette explication me semble très claire, je pense qu'à la lecture de ces lignes, certains qui nous ont "chargés", Jacques Berthomeau, Jim Budd et moi-même, au début de cette affaire lorsque j'ai révélé le mail qui a tout déclenché peuvent se sentir un peu penauds. Il me semble évident que Robert Parker nous donne raison en reconnaissant qu'il a lui même failli en ne détectant pas les fautes de son collaborateur et ami de trente ans, Jay Miller. Dont acte, je ne reviendrai plus sur cette pénible affaire et sur les pratiques nauséabondes qu'elle a mises à jour, pratiques dont les premières victimes étaient les honnêtes vignerons espagnols; je leur rendais d'ailleurs hommage ici, dans Vin & Cie, la veille de la démission de Jay Miller.
Ne manque plus que les conclusions de l'Institute of Masters of Wine concernant les agissements de Pancho Campo et ce dossier sera bouclé.

Addendum (samedi 31 mars 2012): lire aussi à ce sujet la chronique que Jacques Berthomeau a publié en complément dans Vin & Cie. Et pour revenir sur l'affaire évoquée ici, différente mais qui concerne Uncle Bob le billet vengeur de Nicolas de Rouyn dans Bon Vivant.

* merci à ce propos à Into the Wine qui m'a sorti de ma torpeur…
** pour une fois, je partage pleinement son avis, "le jour ou l'Espagne s'éveillera…"

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