Le vin ne doit-il pas vivre avec son temps?


J'en parlais récemment, la bière fait envie, le vin pas tant que ça. Les chiffres le confirment un peu partout dans le Monde, jusqu'en France*. Ce n'est pas du produit dont il est question, du contenu, mais du contenant. Et de tout ce qui va autour. Le vin est souvent vieillot, et même quand il se veut jeune, son univers est empreint de mauvaises manières héritées de temps anciens, arrogants. Ces mauvaises manières, elles sont polymorphes, le châtelain qui se la pète, le caviste qui méprise le buveur de vins commerciaux, le bistrotier qui refuse de concevoir que sa bouteille puisse être bouchonnée**. Bref,  dans le Mondovino, appuyé de surcroît par une grande distribution qui finit de figer le produit sur la forme comme dans le fond, on est peu enclin à l'ouverture à l'autre, fût-il un consommateur en puissance. 


Et puis, il y cette laideur qui colle à la peau du vin. On a déjà parlé de packaging, un domaine dans lequel les choses évoluent peu à peu (plus à l'étranger qu'en France), mais il est aussi question d'environnement. Dieu que les boutiques de vin (plus en France qu'à l'étranger) sont moches! La norme esthétique reste le local syndical CGT-Cheminots, ou l'agence locale de la Caisse d'Allocations Familiales (pour ceux qui ont modernisé). Et ne vous avisez pas de le faire remarquer, on vous traitera aussitôt de bobo***! Pourtant, essayez d'imaginer un magasin de fringues, de téléphones ou de sac-à-mains aussi laid, vous ne croyez pas que, sauf miracle, il aurait fermé depuis longtemps?
Sans allez jusqu'au vitrines achetées, comme celles qui illustrent cette chronique****, ne serait-il pas temps de faire un petit effort, d'engager un aggiornamento. Je sais, chez les professionnels de la profession, on va me dire que c'est ce qui fait son charme, que sa ringardise inspire l'authenticité, mais le vin ne doit-il pas un peu, esthétiquement en tout cas, vivre avec son temps? 




* Eh oui, jusqu'en France, jusqu'à présent à l'écart de la tendance, où 2015 a marqué un reversement de tendance. Cf. cet article de Libération.
** Lire à ce sujet l'incroyable mésaventure arrivée au grand ampélographe José Vouillamoz dans un bistrot touristique de Barcelone où il s'est fait virer manu-militari pour avoir osé signalé que la bouteille servie était bouchonnée. Je l'ai relaté en trois lignes sur Facebook, le propriétaire n'a eu d'autre attitude, au lieu de s'excuser, que de "contre-attaquer" en insultant son client, et en posant en victime.  Une histoire identique (la violence en moins), parfumée d'ignorance, m'était arrivée dans un autre lieu barcelonais, je l'avais racontée ici.
*** À propos de bobo
**** La première, newtonnienne, ne manquera pas de faire hurler les féministes de circonstance, celles qui se voilent les yeux devant le voile.




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