Les viticulteurs audois et l'Amérique du Sud? Une histoire d'amour.


Pour les médias grand-public, la cause est entendue. Les viticulteurs* de l'Aude, qui menacent de bloquer le Tour de France, sont de pauvres victimes de la mondialisation et des trusts internationaux. Amaury Sport Organisation les a spoliés, ne venant pas les supplier à domicile de venir mettre en place un partenariat pour promouvoir leur production sur les étapes hors-hexagone (Loi Évin oblige) de la course cycliste. La foule des suiveurs les soutient, agitant des drapeaux tricolores, hurlant à la patrie bafouée, mélangeant un peu tout et n'importe quoi.


Et si, comme j'ai tenté de le faire précédemment, on parlait de tout cela un plus sérieusement. Tenez, juste au travers d'une coupure de Presse qui permet de largement relativiser les choses. Elle date de 2014, l'année où a en fait débuté ce contrat en la Société du Tour de France et les Chiliens de Cono Sur. Du seize décembre 2014, avec un communiqué triomphal relayé avec emphase par Vitisphère-La Vigne. Il y est question du fleuron de la viticulture audoise, le groupe Val d'Orbieu-Uccoar, avançant aujourd'hui sous la bannière Vinadeis, une entité qui rassemble mille-six-cents viticulteurs de nombreuses coopératives, dont la plupart adhérents du Syndicat des Vignerons de l'Aude lequel appelle désormais à bloquer le Tour de France en raison de la "trahison sud-américaine".


"C’est un rapprochement d’envergure que vient d’annoncer le groupe Val d’Orbieu-Uccoar, écrit Vitisphère. Le premier groupement coopératif français a finalisé un accord de partenariat avec FeCoVita, son homologue argentin. Ce groupement coopératif, premier producteur argentin de vin, commercialise trois millions et demi d’hectolitres pour un chiffre d’affaires de deux-cent-trente-quatre millions de dollars. Il compte cinq-mille vignerons adhérents exploitant, vingt-cinq-mille hectares dans les régions de Mendoza et San Juan.


L’accord prévoit une coopération technique sur les bonnes pratiques de ces deux coopératives. Irrigation, encépagement, élevage ou assemblages, entre autres, figurent parmi les sujets sur la table. Des voyages d’échanges entre vignerons et techniciens seront également organisés.
Le pacte comporte également un volet commercial. La filiale Val d’Orbieu en Asie présentera une partie de l’offre FeCoVita, notamment des vins de cépages premium et haut de gamme sous leur marque Bodega Entancia Mendoza. Un brand ambassador sera dédié au développement de ces gammes sur place. Val d’Orbieu assurera également la représentation en Europe du portefeuille FeCoVita.


En échange, la coopérative argentine diffusera une sélection de produits du Val d’Orbieu-Uccoar (comme les marques Le Val, La Cuvée Mythique, Bonne Nouvelle, des domaines et Châteaux et vins doux…) sur le Mercosur, Argentine et Brésil principalement.
Les deux entreprises ont également prévu de lancer Valvitas, une marque de vin co-signée par les équipes œnologiques et de conseils des deux entités. « Pouvoir nouer des relations avec une coopérative étrangère, de taille équivalente à la nôtre, dans un contexte de mondialisation des marchés et de forte volatilité des prix, est porteur de sens, dans bon nombre de domaines. Non seulement, cela nous offre l’opportunité de mieux structurer et consolider nos métiers, mais aussi de trouver de nouveaux relais de croissance », souligne Bertrand Girard, directeur général du groupe Val d’Orbieu-Uccoar."
Comme quoi, finalement, pour les vignerons de l'Aude, l'Amérique du Sud, ce n'est pas si sale que ça. Nous voilà rassurés…


* Je n'ai pas entendu de vignerons audois me dire que cette idée les enchantait.



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