Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent.


Vous vous souvenez du salon de l'Agriculture? Les tapes dans le dos? Ce défilé officiel au Pavillon des Vins? François Hollande un peu rougeaud, en Chirac du pauvre, Nicolas Sarkozy trinquant à contre-cœur et Manuel Valls, un coup médiatique dans le nez: "vignerons, on vous aime!" 
Quelle chance enfin pour le vin français de se trouver, à l'Élysée et à Matignon, pareils amis!


Le problème, pour reprendre la phrase d'un autre politicien qui lui avait passé une partie de sa vie à vendre du Ricard, c'est "qu'avec des amis comme ça, on n'a pas besoin d'ennemis". Il n'a même pas fallu attendre le résultat des élections inutiles de dimanche prochain pour que de nouveau s'abattent les mauvais coups. 
Cette nuit, en Commission des Affaires Sociales, l’amendement (n°AS247) du député de l’Isère Olivier Véran (Parti Socialiste) a été adopté. Un petit amendement, vicieux, à la Loi de santé publique qui va être débattue au Parlement. Il s'agit d'améliorer la Loi Évin. Plus question de se limiter à l’actuel message sanitaire "l’abus d’alcool est dangereux pour la santé". Désormais, le Ministère de la Santé a tout pouvoir et peut adapter ce message, selon sa volonté. Comme ça lui chante. En fonction du support, de la clientèle, de l'actualité. L'arbitraire n'est pas loin…


Voici la réponse ce midi de Joël Forgeau, Président de l'association Vin & Société.
"La filière viticole s’oppose fortement à cet amendement qui remettrait en cause le pouvoir du législateur, et durcirait encore davantage le cadre de la Loi Evin. Au-delà, il traduit surtout la volonté de passer d’une politique de modération à une logique d’interdit, ce qui est inacceptable pour les 500000 hommes et femmes qui élèvent le vin.
Nous assistons à un paradoxe dans notre pays. Les professionnels de la filière viticole ont été particulièrement sensibles aux marques de soutien du Président de la République et de notre Premier Ministre qui, lors du Salon International de l’Agriculture en février dernier, ont déclaré que le vin était une valeur de la France ainsi qu’un produit phare. Pourtant, le vin est régulièrement stigmatisé et serait vecteur de tous les maux sociaux ; et la Loi Evin est le dispositif légal d’encadrement de la publicité pour le vin parmi les plus contraignants d’Europe, en particulier en comparaison de nos concurrents que sont l’Espagne et l’Italie. Avec ce nouvel amendement, c’est toute une filière qui serait stigmatisée. L’esprit même de la loi Evin (lutter contre la consommation abusive d’alcool) serait remis en cause, supprimant au passage au législateur le fondement même de sa mission."


Le Projet de Loi de Santé Publique va être débattu à l’Assemblée Nationale puis au Sénat à partir du 31 mars. Mieux vaut surveiller ça comme le lait sur le feu si l'on ne souhaite pas qu'une nouvelle fois, la phrase du petit père Queuille (ci-dessous) soit confirmée: "Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent".






Commentaires

Articles les plus consultés