Le vin des bateaux.


Depuis vingt-cinq ans que le vin connaît une période faste, on a construit toutes sortes de caves. De gros monuments souvent prétentieux, m'as-tu-vu, parfois glaciaux, emblématiques de cette architecture masturbatoire qui admire son propre geste, reléguant l'humain au rang de variable d'ajustement. Et puis, il y a quelques lieux pleins de poésie, à l'image de cette bodega mexicaine que l'on vient de me faire découvrir.


Nous sommes à une quinzaine de kilomètres du Pacifique, en Basse-Californie, dans la Valle de Guadalupe, principal site vinicole mexicain. Le domaine s'appelle Vena Cava, comme la veine-cave du cœur, l'idée étant que le vin est le sang qui irrigue et fait vivre cette vallée; on y produit des rouges à base de cabernet-sauvignon, grenache et tempranillo. 
Ce sont des architectes locaux, Claudia Turrent et Alejandro D'Acosta, qui ont dessiné le projet. Leur spécialité: utiliser des matériaux de récupération. C'est ainsi que pour un chantier précédent, une autre cave, ils ont assuré l'isolation grâce à vingt-deux mille vieux pneus de voiture. Là, comme vous le voyez, ils se sont sont fournis dans un cimetières de bateaux: la cave est creusée dans le sol puis les excavations sont protégées par des coques usagées, renversées puis maçonnées. Moi qui avait travaillé sur des conteneurs maritimes d'occasion, j'adore l'idée!


Dans ces paysages semi-désertiques, l'ensemble a un petit air "dépôt d'essence de Mad Max". Entre ça et la communauté hippie d'Easy rider.
Alejandro d'Acosta explique qu'il est né dans une famille de huit enfants, et que son père avait dix frères. "De ma jeunesse, je ne crois pas avoir jamais eu de vêtements neufs, se souvient-il". Ici, c'est la solidité de ces vieilles coques qui lui a plu. Et le fait qu'une part de leur vie antérieure, maritime, apporte son message à la bodega. Bon voyage…




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