Je suis omnivore, mais pas à ce point…


J'ai des lecteurs sympathiques qui pensent à moi durant leurs déplacements. Par exemple, ils m'envoient des cartes postales, comme celles que j'ai reçues dimanche après-midi, depuis la Maison de la Mutualité à Paris. Parce que si vous vous intéressez à la bouffe qui se photographie, vous savez bien sûr ce qui se passe à la Mutualité. Un évènement qui concerne le Monde. Le Monde et les environs. Surtout les environs en fait, quelques quartiers de la capitale.


Allez, ne me dites pas que vous n'êtes pas au courant, c'est le World Tour d'Omnivore, l'événement que la planète attend pour savoir à quelle sauce elle sera mangée. Et afin de vous faire gagner, que vous soyez au courant des tendances, et des géniales trouvailles qui rendent si magiques les chefs tatoués, mon lecteur-reporter anonyme a arpenté les allées de la grand'messe de la "jeune cuisine", (laquelle comme tout le monde a un peu vieilli et pris de l'embonpoint).
Je vous passe les concours de dressage d'assiette façon décor de trains électrique ou couronne mortuaire Interflora, ça, on en avait par et . Allons plutôt rendre visite aux exposants qui rendent si moderne, si cool, si frais le puissant "mouvement planétaire" qui réinvente la gastronomie. Allez, une devinette: qu'est-ce qui rime avec Omnivore?


Eh oui, Knorr! Unilever Food Solutions (qui possède Knorr) est "sponsor associé" du World Tour d'Omnivore. Tout comme Pomona, le premier distributeur français de fruits et légumes, par l'intermédiaire de sa filiale TerreAzur, dédiée à la restauration, ou le groupe Danone, par le biais de ses eaux minérales Badoit et Évian. Nestlé, en revanche, c'est une déception, est un peu en retrait, mais présent quand même grâce notamment à sa super marque Terre & Mer de Davigel, "le partenaire de la réussite" de la "belle restauration".


Bon, je ne vous donne pas toute la liste des bienfaiteurs de l'Humanité qui permettent d'organiser cet évènement génial dont les lèche-culs patentés vous diront le plus grand bien, vous pouvez de toute façon la consulter ici. Sachez juste que vous pouvez aussi y trouver toute la merde, tous les poisons qui permettent de mettre en œuvre la créativité des cuistots modernes, jusqu'aux additifs chimiques Sosa qui rendent les assiettes espagnoles si belles (et si faciles à vomir).
Grâce au "mouvement planétaire" et à ses multinationales amies, vous allez réellement pouvoir devenir omnivore, en ce sens que grâce à eux, vous allez vraiment manger de tout. Y compris de la merde, en quantité industrielle.


Reste bien sûr (les grands publi-reporters sur papier ou sur blog les mettront sagement en avant), les quelques indiens, parqués dans leur réserve, les "petits producteurs", les artisans. Souvent de vrais bons qui, à leur corps défendant vont servir de d'alibi culturel, d'alibi naturel à cette supercherie organisée par le groupe GL Events, propriétaire d'Omnivore. On n'oubliera pas non plus de mettre en avant le vin "naturel", ça greenwashe pas mal même s'il sera concurrencé cette année par les cocktails, la dernière tendance*. Il est vrai que l'argent des trusts alcooliers dégage un fumet qui ne peut que séduire les foodistes désintéressés. À ce propos, apprenez qu'on ne dit plus barman, mais "mixologue". Ça fait un peu mycologue, mais c'est furieusement moderne…




À propos de cocktail, la famille Cathiard de Bordeaux vient de nous en concocter un bizarre. Lisez ici.


Commentaires

  1. "dressage d'assiette façon décor de trains électriques" : j'ai beaucoup ri.
    (merci pour le lien)

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