Boutique-mon-cul.


Jusqu'où iront les chef-putains? Très franchement, sans garde-fous, sans Presse ni contre-pouvoir, je pense qu'il n'y a aucune limite à leur dévoiement (au sens moral comme au sens médical pour les intestins de leurs clients). Aujourd'hui, il est normal chez les professionnels de la profession de se vendre, et surtout de vendre son métier au plus offrant. "La gastronomie est morte" pourrait-on incanter pour faire genre, comme Guibert dans Mondovino. Elle est en tout cas bien malade, malade d'une réalité toute simple: l'argent est devenu le maître du jeu et l'a vérolée.


De cet état de fait naît une totale confusion des genres. Celui qui était censé défendre les valeurs gastronomiques se retrouve désormais en train de tapiner au grand jour pour ceux qui les combattent. Inutile de revenir sur les exemples de ces salons, tel Omnivore dont je parlais avant-hier, sponsorisés, patronnés par les multinationales de la malbouffe, par ceux-là même qui quotidiennement, méthodiquement, détruisent les référentiels du goût naturel.


Plutôt que d'en parler des heures, je voulais juste vous faire partager cette petite vidéo. Ça se passe en Espagne, pays réputé pour le mariage de ses cuistots avec Nestlé, Monsanto & Cie. Nous sommes à Màlaga, dans un McDo que l'on relooke pour qu'un cantineur du coin, deux étoiles au Guide des Pneus, vienne nous faire la démonstration que finalement la la merde du fast-food et la gastronomie, c'est kif-kif bourricot, seul le décor change.
Le type s'appelle Dani García. vous ne le connaissez pas, moi malheureusement si, il avait déjà défiguré avec sa tambouille putassière les abords des sublimes arènes de Ronda. Au delà des faux témoins qui figurent dans le clip, son job est de convaincre le bon peuple que le Big Mac est une merveille gastronomique comme une autre. Il fait "boutique-mon-cul" comme on disait encore récemment de l'autre côté de la Méditerranée.



Les images puissantes qui illustrent ce billet sont signées Joan Colom i Altemir. Ce photographe barcelonais a peint le Barrio Chino, le Raval dans les années cinquante-soixante. Est-il nécessaire de vous dire que j'éprouve infiniment plus de respect pour ces pauvres femmes que pour le genre de demi-mondaine que vous venez de voir ci-dessus.



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