Et si la lutte contre la flavescence dorée était efficace?


Si vous vous intéressez à l'agriculture du vin, vous n'avez sûrement pas échappé ces dernières semaines au débat sur ce qu'il est convenu d'appeler "l'affaire Giboulot". Et au delà du cas de propriétaire bourguignon, c'est le débat sur l'obligation légale faite aux vignerons de traiter leurs parcelles contre la cicadelle qui est ouvert, un débat bien trop passionné à mon goût. Alors qu'infiniment technique, assorti de causes complexes et multiples.
Pour vous faire une idée du problème, loin du tumulte, des propos de circonstances et des algarades, je vous conseille de lire ces deux articles de Jacques Berthomeau et Ophélie Neiman. Allez, lisez-les d'abord, puis revenez me trouver!
Si j'évoque (enfin?) ce débat aujourd'hui, c'est à cause de ce document que m'a glissé sous les yeux Nicolas Lesaint: Nicolas est blogueur et surtout chef de culture, "responsable de l'environnement, à Château Reignac, en Gironde. C'est un méthodique plus qu'un enflammé, j'avais adoré par exemple son passionnant billet sur l'observation des plantes de la vigne. Ce document, paru dans le journal viticole L'Union girondine dresse le bilan de la lutte collective contre ce fléau destructeur pour l'année écoulée.


Certains me diront que ce périodique, L'Union girondine, n'est pas vraiment contestataire (euphémisme…), qu'il aurait même une tendance "voix de son maître", voire Pravda de l'agriculture conventionnelle; ce n'est pas faux. Cependant, sous réserve de bidouillage statistique (ce que je n'ose  imaginer), les chiffres semblent démontrer que la lutte violente contre le vecteur de la flavescence dorée est efficace. Ils annoncent même une baisse de 50% des ceps contaminés par rapport à l'année précédente. C'est d'autant plus intéressant que le vignoble bordelais est beaucoup plus concerné par le problème que la Bourgogne, par exemple, et dispose du coup d'une certaine antériorité. La plupart des vignerons, bio ou pas, traitent en conséquence.
Par prudence, je ne veux en tirer aucune conclusion, mais cette pièce me semblait intéressante à verser au dossier.


Commentaires

  1. Merci de ce papier. Même si je ne suis pas complètement d'accord avec David Cobbold, je m'autorise à signaler son article sur le sujet. Il a suscité sur notre blog commun plus de 110 commentaires sont certains sont riches en informations pour ceux qui s'intéressent à la question. http://les5duvin.wordpress.com/2014/02/24/pourquoi-je-nai-pas-signe-et-je-ne-signerai-pas-pas-la-petition-giboulot/

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    1. Merci, Michel. Le principe d'un débat (sauf en Russie, en Ouganda, en Syrie, en Chine ou en Corée), c'est de confronter des avis divergents, non?

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    2. Je suis désolé mais les principes d'un débat même en Ouganda, Russie...c'est de confronter des avis divergents. La question est : est-ce toujours possible ? Êtes-vous certain que cela est toujours possible en république française ? A lire comment sont traités dans certains médias ou sur certains blogs ceux qui pensent autrement, l'on peut se poser légitimement la question. Je ne suis en aucun cas spécialiste mais je vois mal comment je pourrais apprendre aux seuls vues ou lectures de ces articles. La perte de la diversité nous tuera et pas seulement au niveau de l'information. L'apport d'une pièce est un bon élément dans cette confusion.

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    3. Je crois que nous sommes tous d'accord, Hervé.

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  2. Vincent, attention. D’habitude, je me fais lentement une conviction, sincère et documentée, et je la défends ensuite avec obstination, aggressivement s’il le faut. Pour cette flavescence, il me semble qu’on mélange tout et je ne sais vraiment pas où trouver la solution satisfaisante.
    (i) Une fois un cep atteint, il est foutu. On ne peut espérer de « guérison ». En outre, il est potentiellement contagieux pour ses voisins, par insecte interposé.
    (ii) L’agent infectieux, une bactérie bizarre, à mi-chemin vers les virus, pourrait peut-être se traiter, mais avec des antibiotiques proches de ceux également utilisés en pathologie humaine, ce qui pose évidemment le problème d’un développement de résistance à très grande échelle. En outre, vu les surfaces à couvrir, le prix serait astronomique. En outre, la bactérie se niche finalement DANS l’insecte propagateur et DANS le phloème des plantes. Il faudrait donc des molécules capables d’y accéder, forcément systémiques. Quant à un « vaccin », bof bof. Donc, sauf à être un imbécile total – ce qui reste une possibilité – je n’entrevois pas de solution à ce niveau.
    (iii) Dès lors, on a le choix entre soit ne rien faire, soit éliminer ou en tout cas réduire la densité des insectes vecteurs. Je comprends que certains préfèrent « respecter la nature » et ne rien faire du tout. J’ai même une certaine sympathie philosophique pour cette attitude. Mais ce n’est pas du tout mon opinion. Je pense également que les témoins de Jéovah ont tort de refuser la vaccination de leurs enfants – pour eux-même, ils font ce qu’ils veulent et bien fait pour leur pomme s’ils attrappent quelque chose de grave – ou les transfusions sanguines. Les conséquences sociales sont immenses et il faut protéger la population (humaine ou ampélographique) dans son ensemble.
    (iv) Il existe des insecticides efficaces contre le vecteur, très efficaces même, mais ils ne sont pas suffisamment sélectifs pour être acceptables à grande échelle par quelqu’un d’un tant soit peu concerné par l’écologie (comme moi), et ils choquent le dogme extrémiste de toute une série d’associations qui codifient le différents types d’agriculture « bio », avec lesquelles je me sens en phase à 99 %, mais pas jusqu’à y adhérer (ceci est un autre sujet). Je pense donc qu’une décret uniforme (A.P. ou autre) n’est pas une solution parfaite. Mais en existe-t-il une autre ?
    (v) Il existe des produits acceptables (et même autorisés) par les tenants d’une agriculture respectueuse de la nature mais ils sont a. ou bien très peu efficaces, voire inefficaces, sur les insectes vecteurs en dépit des affirmations des fabricants ; b. ou bien très toxiques aussi sur d’autres niches de la vie (comme les poissons par exemple). Je ne pense pas qu’on devrait les autoriser, mais c’est une opinion personnelle.
    Conclusion : il faut (yaka) trouver une attitude SOUPLE, forcément compliquée, dépassant le niveau de la parcelle mais également d’une exploitation, qui permette de couvrir collectivement ce risque. A une extrémité, déterminer des zones à risque très faible, où on se permet de ne pas intervenir, et d’autres à situation critique, où l’on frappe fort, quitte à trouver un système – fermer les yeux sur l’infraction à la certification de manière officielle et légale - qui ne prive pas de son label « vert » le vigneron touché.
    On organise des « battues administratives » au sanglier – pas assez à mon goût – eh bien, on pourrait faire la chasse sélective et administrative aux cicadelles, avec piégeage, comptage des vols et décision concertée. C’est plus intéressant que de demander aux douanes de vérifier l’écartement des pieds sur des parcelles vieilles de 50 ans : ceci une donnée qui varie peu avec l’âge !

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    1. Merci Luc pour ce passionnant commentaire dont je me sens assez proche.

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