Remise de décorations.


Une petite cérémonie officielle aujourd'hui, en passant, avant de revenir vous parler de Perpignan-la-sexy. Une remise de décorations, tout ce qu'il y a de plus officielle, car vraiment il est temps de redonner un peu de solennité à cette République décatie. La Noix d'Honneur et la Médaille du Faux-Cul.


La Noix d'Honneur, d'abord, à la manière de nos amis du Canard Enchaîné. Elle sera accrochée au revers du veston de François Patriat, Président du Conseil régional de Bourgogne, Sénateur de la Côte-d'Or et membre du Conseil national du Parti Socialiste. Dans une interview donnée au magazine Le Miroir, François Patriat clame haut et fort que "la Bourgogne doit sortir de son image traditionnelle, d’une région viticole et gastronomique. Si demain les gens viennent en Bourgogne uniquement parce qu’il y a du vin qui représente seulement 4% du territoire et 6% des exportations, alors nous n’aurons pas gagné notre pari. Car ils s’arrêteront une journée à Beaune, et c’est tout." Et le Président-Sénateur d'ajouter qu'il "faut trouver des arguments clivants par rapport à d’autres régions, et ne pas oublier que [la Bourgogne est] le cinquième région industrielle de France!"
Oui, monsieur Patriat, cher récipiendaire, je suis d'accord avec vous. Ce vignoble est un handicap, pire une menace pour la dynamique de cette région. Et ces touristes alcoolos des gros cons qui n'ont rien compris, méprisant le charme incontestable, clivant, Montceau-les-Mines ou du Creusot! D'ailleurs pour vous aider dans cette noble tâche de rééducation des masses frivoles*, je mets ici en lien ce qui devrait remplacer les cartes vieillottes des climats bourguignons: le plan des sites industriels de votre région, édité par vos services, futur must du Tourisme français, prêt à détrôner la Tour Eiffel, du Mont Saint-Michel et de la Cité de Carcassonne.
Bien, assez ri. J'éviterai d'épiloguer sur la condescendance affichée de cet ancien Ministre de l'Agriculture** pour les paysans de la vigne, mais j'ai envie de lui demander, avec tout le respect du à sa fonction, de réfléchir à la portée de ses phrases. Surtout dans l'époque. J'espère en tout cas après ça que monsieur Patriat ne va pas créer une commission de réflexion pour comprendre comment la France est devenue une sorte d'immense Café du Commerce où le bon peuple, des campagnes notamment, voit les hommes politiques à la façon du clergé catholique juste avant la Réforme. Un clergé sourd et aveugle, nourri d'indulgences, enclin à la consanguinité, trop occupé à se reluquer le nombril et à s'écouter parler pour regarder le pays en face. Le seul problème, de cette comparaison avec l'Église décadente, c'est que l'on ne voit aucun Luther pointer son nez.


La seconde décoration du jour revient à Joël Robuchon pour son action déterminante en faveur des oies et des canards. Une semaine après la polémique déclenchée par les illuminés de l'association animaliste L214, le chef a failli me tirer les larmes des yeux ce matin grâce à son laconique communiqué relayé entre autres par le journal Sud-Ouest. Certes, le journal aquitain va un peu vite en besogne en claironnant en titre que Joël Robuchon "s'implique dans la croisade anti-foie gras", mais il mérite tout de même la Médaille du Faux-Cul. "J'ai le regret de vous informer que tous les restaurants Joël Robuchon en France et dans le monde cessent immédiatement de commander du foie gras provenant de cette maison, dans l'attente qu'il soit démontré que les animaux ne sont pas maltraités comme dans la vidéo qui a été diffusée." Ben oui, mais au passage, Chef, vous auriez pu (quand nous vous l'avons tous demandé) nous expliquer par quel mystère des trucs pareils ont pu un jour pénétrer dans vos cuisines. Et tenter de dire quelques mots en faveur des vrais et grands produits français, que vous êtes sensé défendre.
Serez-vous étonnés d'apprendre qu'un autre cuistot très médiatique, cathodique même, l'écossais Gordon Ramsay a décidé lui, à cause de cette belle campagne aussi touchante qu'un dessin animé de Walt Disney, d'en faire de même dans les restaurants dont il s'occupe encore. Sous les hurrahs pleins de bière des tabloïds britanniques, il est donc co-récipiendaire de cette Médaille du Faux-Cul. Cela nous ramène en tout cas à la façon de faire des politiciens cités plus haut, peu importe les idées ou les convictions, courage fuyons et gouvernons aux sondages.



* À cet égard, je vous conseille de consulter, monsieur le Président, votre ami Paul Quilès qui a lui même développé d'ambitieux projets de tourisme industriels dans l'ancienne région minière du nord du département du Tarn. Des sites immenses mais très faciles à visiter, même sans cocarde vous pourrez vous garer juste à leur porte, leurs parkings sont vides toute l'année.
** Qui a pourtant, récemment encore, toujours défendu le vin face aux prohibitionnistes.


Commentaires

  1. La vraie capitale des Ducs de Bourgogne, Vincent, c'est la bonne ville de Bruges, chef-lieu de la Frandre Occidentale où ma mère est née. On y mange bien, très bien, notamment dans le restaurant de Patrick Devos, à l'enseigne du Zilveren Pauw (le paon d'argent). Le maire de la ville - bourgmestre chez nous, Burgemeester - y boit du vin de la Coume Majou (casot et Loute). Je te propose de délocaliser Lamelloise à Bruges, pour le plus grand bonheur des amateurs du ban bourguignon!

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    1. Que vous les Belges aimiez plus notre vin que nous, je le sais depuis longtemps. Et j'ai un peu honte.

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