Le nouveau design des étiquettes de vin?


Comment réagir? Comment se défendre face aux attaques multiples, répétées dont le vin est la cible en France? On en a beaucoup parlé ces dernières semaines entre la rocambolesque affaire du  Plan gouvernemental de lutte contre la drogue et les conduites addictives 2013 - 2017 et le scandaleux "dérapage" du directeur de l'Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie comparant la présence du vin sur Internet à celle des pédophiles ou des néo-nazis. On en a beaucoup parlé, cependant, n'oublions jamais qu'en matière d'actualité, un clou chasse l'autre. Il faut d'ailleurs noter que la "grande Presse", si prompte à dézinguer la viticulture, sa "pollution" et tout le fourbi, ne s'est guère émue de tout cela; le vin n'a plus vraiment ses entrées dans les rédactions, bien moins en tout cas que les prohibitionnistes subventionnés et le lobby pharmaceutique.
Mais, comme me le rappelle souvent mon camarade Berthomeau qui connait mieux que quiconque le marigot des ministères, au delà des actions d'éclat, il s'agit d'un combat de longue haleine. Certes les ennemis du vin ont, à ce jour, perdu une bataille, celle qui constituait à interdire de Web les vignerons, les journalistes et les œnophiles. Mais des batailles, il y en a d'autres à livrer.


C'est dans cet esprit-là, essayant d'envisager l'aspect durable de la lutte, que j'ai lu la Proposition de Loi présentée il y a quelques jours par le sénateur Roland Courteau. Ce document, enregistré officiellement à la Présidence du Palais du Luxembourg, vise "à affirmer clairement que le vin fait partie intégrante du patrimoine culturel et gastronomique de notre pays". Pour appuyer sa demande, l'élu audois rappelle que "le Parlement français, en plein accord avec le ministre de l'agriculture de l'époque a, en janvier 2006, prenant en considération les attaques dont le foie gras était l'objet, ajouté l'article L. 654-27-1 au Code rural et de la pêche maritime (article 74 de la loi n° 2006-11 d'orientation agricole du 5 janvier 2006) : « le foie gras fait partie du patrimoine culturel et gastronomique protégé, en France...»)". Pourquoi pas? Pourquoi ne pas envisager une "sanctuarisation" du vin? Cela n'aurait rien d'abracadabrant, tout est réuni pour ça: les facteurs culturels, historiques, économiques, sociaux, environnementaux. Reste à connaître les modalités pratiques de cette protection, son champ d'application et ses limites, c'est d'ailleurs la question que j'ai posée à Roland Courteau, dont je ne manquerai pas de vous faire connaître la réponse.


Parce que les batailles futures, il va bien falloir y songer. Depuis l'affaire du Plan gouvernemental, les prohibitionnistes sont frustrés. Selon eux, ce texte, privé de la censure du vin sur Internet, "reste à l'entrée du gué", ils regrettent notamment (via un communiqué de l'ANPAA) que l'on n'accentue pas le côté "drogue" de l'alcool et que l'on "reste muet sur une politique de taxation et de prix de l’alcool et du tabac qui est un instrument essentiel de régulation de l’accès à ces produits".
Et pendant que les vignerons se démènent pour faire vivre les campagnes et stimuler l'économie française qui en a bien besoin, les prohibitionnistes, payés pour ça, subventionnés pour ça grâce à l'argent public, continuent leur travail de sape. Parmi leurs plans secrets figure "l'étiquetage informatif" du vin. Pour simplifier, leur rêve est d'imposer la présence sur les bouteilles d'un "avertissement sanitaire", dans le style "l'abus d'alcool est dangereux"*. Dans un premier temps, car sans tomber dans le procès d'intention, comment ne pas imaginer à terme un truc dans l'esprit de ce qui figure désormais sur les paquets de cigarettes? "Boire tue", vous voyez le genre? Et pourquoi pas assorti de la photo d'un foie malade? Ça nous changerait des gravures en taille douce et des lettres anglaises…
On ne m'ôtera d'ailleurs pas de l'idée qu'il y a dans cette soif, insatiable, de réprimer, d'interdire comme une volonté de déresponsabilisation de l'individu. Au moins autant de moralisme que de prohibitionnisme. Et la négation du libre-arbitre. Difficile alors de ne pas repenser, j'y reviens sans cesse, au fameux discours sur le vin d'Angela Merkel.
Sans parler de ces relents, de ces remugles médiévaux, du spectacle omniprésent du supplice des damnés. Faire peur au bon peuple, l'effrayer, l'infantiliser. Lui offrir un univers manichéen où le Bien et le Mal auraient des couleurs vives, comme sur le tympan des cathédrales** ou dans les toiles à l'esthétique dominicaine de Fra Angelico. Il va sans dire que j'ai une toute autre conception du progrès de l'Homme.



* Alors même, comme le souligne le dernier rapport remis à la MILDT (page 57), le fameux rapport Reynaud, que ce procédé serait inefficace!
** Personnellement, je goûte particulièrement aux bas-reliefs de la cathédrale Saint-Étienne de Cahors, les Sept Péchés capitaux du portail nord. J'offre ça aux prohibitionnistes pour les décoincer, ainsi qu'on bon verre de cahors "naturel", ça ne peut pas faire de mal…




Commentaires

  1. Bravo pour cet article !
    Th MARIOTTO.

    https://www.facebook.com/thierry.mariotto

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