"1 bouteille de vin = 75 cl. de raisins fermentés."


Ah, c'était de l'humour! Sur le mode "j'rigole…" Eh, moi, évidemment, ballot comme je suis, je ne l'avais pas compris. Un trait d'humour de Charles Philipponnat, PDG de la marque de champagne éponyme, elle-même propriété du groupe Boizel-Chanoine-Champagne lequel possède un important portefeuille d'étiquettes bien connues de grand public, Lanson, De Venoge, Besserat de Bellefon, soit plus de vingt-deux millions de bouteilles par an.
"1 bouteille de vin = 75 cl. de jus de raisin fermenté (le meilleur possible)". Gardons les pieds sur terre" me lançait avant-hier soir Charles Philipponnat, raillant un de mes billets sur la "spiritualité" du vin, m'appelant à ne pas rêver "sur des concepts fumeux." Chacun pense ce qu'il veut. Et loin de moi l'idée de mettre en doute le pragmatisme des idées de ce monsieur qui, à défaut d'avoir un humour auquel je goûte (pardon, que je comprenne…), a visiblement du talent dans les affaires; après être passé chez LVMH, aux Bodegas Chandon, un des principaux groupes d'investisseurs champenois lui a donc confié les rênes d'une de ses filiales. Je ne vais pas davantage parler des produits qu'il représente, ça fait bien longtemps que je n'ai pas trempé mes lèvres dans un verre de Philipponnat (pas plus que de De Venoge ou de Lanson); la dernière fois que j'en ai goûté, cette entreprise appartenait à un fonds de pension ou à un alcoolier, je ne sais plus, ça remonte sûrement aux années 90, bien avant en tout cas qu'il ne débarque dans cette maison.


Il y a une seule chose que je voudrais répéter, préciser à Charles Philipponnat: si le champagne véhicule cette image (parfois justifiée) de luxe "à la française", d'élégance, si une miraculeuse aura le précède, c'est bien sûr grâce au labeur acharné ds tout ceux qui font l'économie viticole de cette région, des fournisseurs de raisin aux metteurs en marché dont il fait partie. Mais il me semble que c'est aussi parce que depuis longtemps, ici et là, par des mots, des notes ou des coups de pinceaux, parfois même au travers de "concepts fumeux" sont nées un magie, une légende qui ont fait que ces bulles-là, et aucunes autres, arrivent à se vendre beaucoup plus cher que ce qu'elle coûtent. Je crains d'enfoncer des portes ouvertes en ajoutant que cette magie, cette légende n'ont pas seulement été créées dans des conseils d'administrations et dans les pages saumon du Figaro.


Car, puisqu'il faut "garder les pieds sur terre", sortons nos calculettes. Est-il vraiment raisonnable de payer un tel prix des champagnes produits en très grande série*? Quel est le coût de revient de ces bouteilles, certes habilement marketées, qu'on nous propose à trente, cinquante, cent, deux cents euros? Arrêtons de rêver, c'est vrai, regardons plutôt le cours du kilo de raisin tel que les négociants, pardon les maisons, l'achètent aux cultivateurs? Est-il admissible, même, que l'on affuble du nom Champagne d'infâmes diabolo-betteraves qui trouent les godasses?
Je suis d'accord, soyons prosaïque. Loin de toute spiritualité, de toute poésie inutile, "1 bouteille de champagne = 75 cl. de jus de raisin produit à environ 70 hectos/hectare fermenté, généralement chaptalisé, rendu mousseux par adjonction de mélasse levurée (le plus rentable possible)". Ça va chercher dans les combien, ça? Sept, huit, neuf euros, la roteuse? Encore un peu cher, non, par rapport aux concurrents qui eux aussi, à travers le Monde, font du mousseux? Hier, j'ai vu un cava catalan, à 1,65€ TTC, prix public en magasin.
Eh, m'sieur Philipponnat, "j'rigole…"




* Il va de soi que je n'évoque là que les champagnes de marques, produits par millions de cols, pas les champagnes de vignerons pour lesquels les coûts de revient à la vigne comme en cave sont, pour les meilleurs, un peu différents. Si vous voulez des noms, il y en a pas mal qui se baladent un peu partout dans ce blog.

Commentaires

  1. Vincent,
    Sans rentrer dans ce débat éculé ni dans une bataille de chiffres un vendredi soir, je veux juste dire que les champagnes de ce monsieur Charles sont parmi les meilleurs de l'appellation. Sa cuvée non dosée (sans sucre ajouté, justement) est, à mon goût, la meilleure du genre et son clos-des-goisses est au top des cuvées de petite diffusion. J'ajoute que ce monsieur Charles jouit d'une parfaite réputation parmi ses pairs et que je me félicite de l'excellence de nos relations, pour ne pas parler d'amitié trop à la légère.
    Si tu vois ce que je veux dire.
    La seule chose que tu écrives et que je trouve au poil, c'est le passage sur la nécessaire magie. Bravo, c'est bien tapé.

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  2. Pour etre honnete, je prefere payer quelques euros de plus (ou de moins?) de leur cuvee 'generique' et me taper une bonne bouteille de Sélection Brut 1er Cru voir meme Special Club 2004/6 de chez mon ami J.P Hebrart juste au coin de la rue. Ca c'est de l'artisanat a juste prix.

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    1. Eh bien nous sommes entre amis !

      Charles Philipponnat

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  3. Aaaah oui, aaaah que c'est bon les vins à la photocopieuse. On vend beaucoup. Et pi en plus, comme on vend beaucoup et qu'on fait toujours la même chose, on jouit d'une grande réputation parmi ses pairs puisqu'on ne déçoit personne.

    Le Champagne de Maison peut être bu et apprécié, il n'en reste pas moins un produit photocopié et ultrarentable. Jouir d'une grande réputation pour ça c'est ... bon je passe.

    Mais si en plus la personne n'a pas de sensibilité dans la poésie de notre cher pifou alors là. C'est comme un libraire qui vendrait des annuaires en quelque sorte.

    Quoiqu'il en soit Poupou Philipponnat peut se la péter : il vend bien des fruits fermentés. Qu'il en jouisse, qu'il en jouisse.


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  4. Cher Vincent Pousson,

    Je viens de découvrir le lynchage en règle dont vous m’avez fait la victime, à la suite d’une remarque humoristique sur la page FB de F. Desperriers (7 likes en dehors de nous deux, la belle affaire).
    Je regrette votre réaction, car je la trouve injuste, d’autant que mes propos sont tronqués.
    Permettez-moi de vous rappeler mon dernier commentaire lors de cet échange : « Je ne retire rien. Le plaisir c'est la conscience de la belle sensation, ce qui nous sépare de l'animal. Là peut-être est le spirituel dans la dégustation. Cela nous rejoindra sans doute ».
    Mais le Blog est un genre où il faut de la brutalité pour se faire entendre, je serai plus prudent à l’avenir. Permettez-moi un droit de réponse, car je crois avoir été mal compris, et ose espérer que c’est involontaire.
    Tout ce que j’ai dit, c’est que TOUT BON VIN EST D’ABORD DU BON TRAVAIL dans le respect humble du terroir.
    Chez Philipponnat, vigneron cultivant 21 hectares, une bouteille (75cl) n’est pas de la mélasse levurée ! Honte à vous de prétendre cela du Champagne, ou de nous.
    C’est 1 kilo et demi de raisins fermentés, cueillis à la main, avec un rendement au pressurage de 51%, avec en moyenne cette année dans les vignes 7000 kilos / hectare. C’est un engrais uniquement organique, un désherbage seulement mécanique (et même un sarclage à la main dans le Clos des Goisses). C’est un travail raisonné, en Haute Valeur Environnementale. Sans sulfate de cuivre il est vrai, (c’est un produit chimique fort toxique) et nous ne sommes donc pas « bio ». C’est une vinification en cuves et sous-bois en barriques, sans adjuvants ni collages , sauf un peu de soufre afin de ne pas livrer des vins oxydés, sans fruit, et nous ne sommes donc pas « nature ». C’est plus de 4 années de stocks de vieillissement en bouteilles. Actuellement nos vins non-millésimés sont des bases 2008.
    Nous sommes négociants, une « Maison de Champagne », il est vrai et achetons aussi des raisins à des viticulteurs que nous connaissons personnellement, certains depuis 3 générations, et pour la plupart en premier cru et grand cru.
    Nos produits sont vendus essentiellement en restauration. Demandez à A. Passard, à A.S. Pic, à Eric Beaumard au George V, ou encore Akelarre ce qu’ils en pensent, parmi beaucoup d’autres. Nous ne sommes pas des industriels.
    Je ne suis pas plus un financier ! J’ai fait de bonnes études et suis revenu, ou plutôt suis resté dans le métier qui est celui de mes ancêtres depuis 5 siècles, où l’on gagne beaucoup moins. J’ai quitté Moët & Chandon (ou mon père a fait tous les Dom Pérignon de 1949 à 1976) pour une maison beaucoup plus petite qu’un groupe (BCC) fondé par des Champenois de pure souche, a racheté et m’a confiée. Je suis fier d’y travailler à faire valoir la tradition obstinée de mes aïeux et de mon père mort il y a une semaine, qui m’ont enseigné le travail bien fait. Je leur suis reconnaissant de m’avoir donné cette opportunité.
    Je pense que le vin n’est pas seulement une inspiration (il l’est aussi), et qu’il n’est pas une histoire poétique de petit paysan, ce qui n’enlève rien au fait qu’un viticulteur modeste puisse faire d’excellents vins. Mais je crois aussi au travail.

    ORA et LABORA.

    Charles Philipponnat

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  5. philipponat, produit des bouteilles de tres belles facture, effectivement parmi les plus belles produite par une maison de négoce non familiale.
    je rejoins charles philiponnat sur le fait que ce n'est que du vin avec des bulles...après tout , tout ça n'est pas bien sérieux...c'est du plaisir embouteillé et ce n'est pas parce que ce n'est ni sérieux ni grave qu il ne faut pas le faire sérieusement...

    non a mes yeux charles philiponnat n'a qu un seul défaut a mes yeux..il a un contrat d’exclusivité avec Moon import en italie..Grrr ce qui prouve bien la qualité des produits

    Boris Politi
    champagnes francois diligent

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