Robert Parker s'est vendu?


Si cela se confirme, c'est la fin d'une époque. Selon des informations en provenance du Wall Street Journal, Robert Parker Jr, aurait vendu tout ou partie de son Wine Advocate à un groupe d'hommes d'affaires singapouriens aux contours assez opaques.
Uncle Bob qui faisait la pluie et le beau temps sur le Mondovino, celui des crus qu'on achète et qu'on revend en oubliant parfois de les boire, avait déjà évoqué le sujet il y a un mois ou deux. Rien n'était fait, et il ne souhaitait pas prendre sa retraite. Là, visiblement, les choses ont changé, la célèbre newsletter, avec ses notes sur 100 qui avaient imposé à une partie du Monde une vision du vin "au kilo", devrait, explique-t-on, prendre un tour plus asiatique, davantage tournée vers la clientèle de luxe d'Extrême-Orient. Parker ne passerait pas complètement la main, il y conserverait (dans un premier temps?) un titre de chairman et un rôle éditorial, aux côtés de sa correspondante Lisa Perrotti-Brown (désormais rédactrice-en-chef), et continuerait de goûter les bordeaux et les côtes-du-rhône.
Au passage, le Wine Advocate se moderniserait en délocalisant son siège à Singapour et en acceptant d'intégrer dans ses pages ce que son fondateur avait toujours refusé, lui qui avait pour modèle Ralph Nader, de la publicité. Il serait également question d'arrêter dès le printemps prochain l'édition papier qui continuait à exister à côté du Web et de créer une antenne en Chine afin d'évoquer l'industrie vinicole locale. On parle aussi de publier des versions abrégées, sorte de produits dérivés vendus à des compagnies aériennes ou à des chaînes d'hôtels. Une décision qui, si elle se confirme, modifierait du tout au tout la configuration et le style de cette publication.


La forteresse Parker, florissante depuis les années 80, avait été fortement ébranlée à la fin de l'année dernière par l'affaire Miller/Campo, révélée sur le blog de Jacques Berthomeau et sur laquelle avait enquêté ensuite le journaliste anglais Jim Budd. Elle avait d'ailleurs, sans que ce soit officiellement reconnu, abouti à l'éviction du n°2 du Wine Advocate, Jay Miller (photo ci-dessous), et à la démission-destitution de son titre de Master of Wine de l'organisateur de spectacle et professeur de tennis chilien Pancho Campo. N'oublions pas non plus l'âge du capitaine: Robert Parker Jr a soixante-cinq ans, ce qui évidemment rend encore plus crédible l'information du WSJ.


Quoiqu'il en soit, ne rêvons pas, même si Robert Parker, à plus ou moins long terme, s'en va, il y a de grandes chances pour que perdure dans certains milieux cette façon barbare de mesurer, de peser les vins, à la façon d'adolescent "concours de quéquettes". Car au delà de la personnalité du gourou de Monkton, c'est le style des vins que ce système grossier a souvent enfanté qui est en question, des vins plus simples, plus tonitruants, moins raffinés.

ADDENDA : vous trouverez de nouvelles informations sur cette affaire ici. Et également ici où sont abordés la personnalités des éventuels acheteurs et le prix de vente.


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