Les Hots d'Or de la malbouffe.


Pendant qu'en France on s'échine à chercher sur les routes de ce week-end à rallonge la différence entre le vrai et le faux travail, les snobs de la fourchette, qui se fichent du premier mai comme de leur première chemise de marque, n'ont qu'une date en tête, celle de ce 30 avril. C'est en effet, ce soir, à Londres, que se tient l'évènement annuel le plus important pour tous ceux, éduqués à la jelly et au Coca-Cola, qui ne comprennent pas grand chose à l'art de vivre. Avec force paillettes, sera révélée la liste des cinquante "Best restaurants of the World". Tonton San Pellegrino et Tata Lavazza sont de la partie tout comme leur pauvre cousine, le veuve Clito; leur neveu Slow Food UK vient leur apporter sa caution morale (ce qui franchement me consterne et me confirme dans l'idée que ce beau projet de départ est devenu une sorte de sous-Rotary Club de la bouffe…).


Avec impatience, fiévreux (comme au sortir d'un dîner moléculaire?), nous attendons la liste de ceux qui souscrivent le mieux aux critères de la gastronomie mondialisée, classement fondamental pour les aveugles du goût qui en ont fait leur canne blanche depuis qu'il a révélé tout le talent de Ferran Adrià et les charmes de la nourriture chimico-industrielle dopée aux Texturas®. Le petit chimiste de Rosas a d'ailleurs été convié à la cérémonie pour remettre le prix au vainqueur, il n'en fallait pas plus pour que les Espagnols y voient le présage de leur retour au sommet: la rumeur ibérique espère que les Roca se sont suffisamment éloignés avec leurs dernières créations de la délicieuse et saine cuisine qui a jadis fait le succès de leur Celler pour espérer détrôner le Noma danois* tandis que Mugaritz stagnerait ou gagnerait une place. On raconte aussi que les Italiens (c'est vrai qu'on mange mal en Italie…) seraient les grands perdants du jour** et pourraient rejoindre la médiocre gastronomie française dans les profondeurs du classement. Contrairement aux Américains (Sud et Nord) qui pourraient entrer dans le Top 5 grâce au Brésilien Alex Atala de D.O.M.
Quel suspens! Digne du Festival de Cannes! Enfin, bon, revenons sur Terre, moi, ça m'en touche une sans faire bouger l'autre. Et, plus qu'au Festival de Cannes, ça me fait davantage penser au concours des Hots d'Or du film porno…


* mais la rumeur prend parfois ses rêves pour des réalités…
** sauf l'Osteria Francesca, 5e.

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